Textes et Poésies

Auteur de Poésies et de Slam voici quelqu'hérésies que j'écris par temps gris...

Je veux du beau, de l'air
Et que cessent nos belles paroles en l'air.
Qu'on les accroche à des prés verts,
Comme on accroche des mots au lierre qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce.
Que la folie de ton grain s'barre over the Rimbaud...

Oraison pour ma raison

L'aurai-je perdue? c'était hier,
Où dans un champ de salvia fières
Je m'enivrai, déraisonnable animal,
des vapeurs formidables de ce narguilé végétal.
Des cohortes champêtres ont investi ma tête
Écarté ma raison morte et envahie mon être.
Et je te pleure, oh ma sage passion
qui retenais mon âme en un bel horizon
Éparpillé sans haine et sans raison,
Du fond des enfers je t'écris l'Oraison.

La traque
S'il est une chimère que l'on doit poursuivre
C'est au fond d'un rève que l'on choye pour la suivre
Là bas, où tout nous est permis, j'irai l'attraper!
Cette étrange chose qu'aucun être ne saurait admirer
Dans le monde endormis où les couleurs sont le velour
Mes mains enlaceront cette onde qu'on appelle l'Amour.
Figé là, regardant tristement mes paumes entrouvertes
Je finirai pas comprendre que je détiens ma défaite.
Puisqu'au creux de mes mains l'amour ne fera pas mon bonheur
Au fond d'un rêve, l'amour prisonier ne fait pas battre un coeur...

La supplique du supplicier

A mon amante qui chaque nuit me hante
Quand elle ronronne et fait crisser ses rêves
comme d'une vieille maison, le fait la charpente.
Et pourtant c'est apaisant, cette nocturne trêve.

Assis sur les marches de mon bonheur
Au bas d'un escalier de vers, fragile et distinct,
Je la regarde courir les sens à l'heure
Comme un enfant fauve, agile et malin.

Adressant mes suppliques au monde qui la retient,
Demandant au grand tout, l'innommable exaction
De garder pour moi, nos adorables entretiens
Comme un geôlier candide surveille les courants d'air d'une prison

S'il faut des mots pour la retenir,
À mon âme putride il faudra les souffler
Demanderai-je à Dieu, à Satan et leurs sbires,
Irrévérencieux tenanciers des espoirs d'un damné.

Car loin de ses yeux je ne suis qu'une ombre
loin de ses bienfaits, mon âme pourrie
puisque depuis ma naissance, lentement je succombe
Maintenant dans son amour, j'entrevois mon sursis.

Nuit orange :

Ces nuits orange, ces nuits étranges où se propage un zeste d'outrage. Le Paris rouge, le Paris sage s'embrasent au rythme de partis qui s'enragent. La bienséance a pris un âge illettré et pour masquer l'orage Paris se pare de barrages tandis que grondent les cris de courage et de rage communément mêlés. Au milieu de ces nuits agitez en sourdine l'Adagio maudit d'une Why Generation qui ne croit plus aux mots dit, ni aux anges, ni aux adages. Et vous verrez en orange et sang mêlé, s'agripper aux marges des palais des marches de pantins plombant les pourcentages de ces pourceaux sans âge. Le Paris plage a pris le large dans ces nuits étranges où dansent autour de nous les suffrages. Au matin ne restera qu'un vague souvenir de vers qui se brisent et l'écume de partis que l'on méprise.
Et j'irai boire un café crème, dans les rues désertes d'un Paris qui renaît.

L'eau et le Feu
Chatoyante fresque humaine aux allures de naïade
Elle se dévergonde en un déhanché évoquant la noyade
Et l'on imagine brûler en silence de sages images
Insuflant la transe de son corps qu'on outrage...
Mais il faut rester sage suffoquent les chacals
Car la beauté farouche n'aime ni ne touche, un animal.
Et le sillon de sa gorge aux tendres parfums
Excomunierait sans peine le premier des saints
Perdue dans une rue de Rio de Janeiro
Il est une femme semblable au Boléro.

Refrain des kids qu'on ne croise qu'une fois
A toi le kid au premier regard livide et marron
Qui balbutiait des notes du bout d'un accordéon vide.
Entends moi du tréfonds des ruelles,
Siffloter ma vagabonde Ritournelle,
Réveillant les mollusques de Saint-Placide.
Ce son, comme une fronde à travers des barreaux,
Qui éclaire tel un lustre les rues acides,
Rappelle au monde qu'après les bombes viennent siffler les moineaux.
Et garde avidement, au creux vert de ton être
L'âtre qu'attise souriant, le diable des poètes
Celui qui pense fort, celui qui rêve
Celui qui dépense notre art de la trêve
Et qui des mots suce la sève
En susurrant à l'âme des idées belles.
Il est là, à crier en dansant que nous appartient la liberté,
L'enfant chérie des oubliés qui n'ont pas l'âge de la porter.

Entre ses bras
Dans les bras du Christ Lisboète
Où éclosent en croix les cris des poêtes,
J'irai chanter les louanges d'élèctre
Celle qui me rendit un jour analphabète.
Entre ces bras chauds, semblables à une alcove
Où mugissent en silence le coeur des pauvres,
Je déposerais avec humilité mes voeux et mes regrets.
Mes espoirs humiliés et les dernières notes d'un sonet.
Car en haut de sa coline au milieu des oiseaux
La divine éfigie dont le regard couvre nos maux
Peut aisément changer l'âme rétive de ma promise
En un brasier brulant pour moi, une passion furtive.
Et comme il me tiendra chaud ce doux mensonge
Que me promit un jour une statue au fond d'un songe.

L'optimiste
Avoir un pré, une maison, contempler l'horizon... De petites choses au fond. Avoir sans le savoir du bonheur au fond du regard et de l'amour, de la passion... Ecouter chanter les oiseaux, sentir son coeur se gonfler de couleurs, de vert, de bleu,d'une lumière dorée et d'un blanc argenté. Fermer les yeux pour écrire et respirer, à mesure que l'encre remplit mon carnet. Parfois je vole, je perd pied, je ne sais plus qui être ou qui aimer, je regarde en arrière sans comprendre ce que j'ai fait, je regarde devant sans trouver de l'allant. Puis j'écoute le vent, le murmure du néant qui me caresse les sens et me rappelle que je suis vivant. Comme absorbé par ma vie je me rends compte que j'avais oublié que je suis. Alors je pars de nouveau, je prends le maquis, je m'invente un hasard et je vous écris...

Correspondance :

J'ai posé un cadre sur notre fresque de souvenirs,

pour qu'on puisse ensemble le briser.

Lui faire changer de forme au cadre et comprendre,

ce qu'il y a derrière, ce qu'on avait mis dedans...

J'ai contrecollé ton empreinte au dos de mon cœur froissé.

Maroufler les remous de ton absence, comblés avec de l'espoir.

Celui de te revoir au creux d'un rêve où tu souffleras vingt cinq bougies avec moi.

Sur le toit d'une vie qui mesure déjà un quart de siècle,

Nous pourrons regarder au loin, ces hasards qui nous appellent…

Joyeux anniversaire ma douce lumière